Longtemps, j’ai observé mes élèves à la maternelle jouer avec les formes. La spontanéité et la liberté avec lesquelles ils exécutaient les structures que je leur demandais de créer ne cessait de me surprendre. Lorsqu’après 18 années en leur compagnie, je décide de me consacrer entièrement à l’ébénisterie, je porte en moi le désir de retrouver ces gestes fluides.

C’est à travers les objets les plus usuels, les plus simples de mon quotidien, que j’entreprends cette quête du geste insouciant, celui qui permettrait à l’objet d’aller de soi. L’objet du quotidien, comme la cuillère, s’impose par sa fonction. Mais les lignes qui le composent, elles, peuvent, comme leur permettraient les enfants, s’échapper de cette contrainte. Et c’est ainsi que la cuillère devient une source d’inspiration.

Je fabrique chacun de mes objets avec des pièces de bois que j’ai récupérées au fil des années et que je continue à trouver. Un à un, je les façonne d’après ce que le bois m’inspire et les pièces ont, chacune, leur singularité. J'affectionne particulièrement, autant pour leur densité que pour la richesse de leurs couleurs, les deux essences locales que sont l’érable et le noyer.
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Toutes les rencontres dans mon quotidien inspirent mon travail. Les asclépiades sur le chemin vers l'atelier ou les roseaux au bord du fleuve sont autant de formes qui dictent les lignes de mes objets.